Les explosions des centrales nucléaires de Fukushima Dai’ichi consécutivement au séisme et au tsunami du 11 mars 2011, ont libéré de grandes quantités de radioactivité dans l’air qui se sont réparties sur le Japon et sur le monde entier.
Les retombées radioactives de Fukushima sont arrivées sur le sol américain six jours après le séisme contaminant l’air, l’eau et le lait.
À partir des données de l’U.S. Environmental Protection Agency (EPA) qui enregistrent chaque semaine les décès par tranches d’âge dans 122 villes des États Unis (ce qui représente environ 25 à 35 % des décès nationaux), les chercheurs Joseph Mangano et Janette Sherma (1) ont observé une augmentation des décès de 4,46 % durant les 14 semaines qui ont suivi l’arrivée du nuage radioactif sur le sol américain en 2011, par rapport aux 2,34% des décès qui précèdent ce tremblement de terre. Cela représente une augmentation de la mortalité de 2,12% (+4.46% – 2.34%). Pour cette même période, le nombre de décès d’enfants a augmenté de 1,80% par rapport à une diminution de 8,37% l’année précédente.
Par projection, les chercheurs Joseph Mangano et Janette Sherma concluent qu’il y aurait eu 13 983 décès dont 822 décès de nourrissons suite à ces retombées radioactives. Ces chiffres sont comparables aux 16 500 décès ayant été constatés 17 semaines après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.
Au Canada, les autorités de la santé de la Colombie-Britannique (province de l’ouest) avaient observé durant cette même période, 21 morts subites de nourrissons comparativement à 16 décès l’année précédente. De plus, le nombre de mort subite de nouveaux nés, en Colombie-Britannique, avait soudainement augmenté de 1 à 10 pour les mois de mars, avril, mai et juin 2011 après l’arrivée du nuage radioactif de Fukushima comparativement à la même période en 2010 (2).
Pourquoi les nourrissons sont ils plus vulnérables aux retombées radioactives?
Le fœtus humain et les nouveaux nés sont particulièrement sensibles aux radiations, compte tenu de leur croissance rapide, de l’intensité des divisions cellulaires, ainsi que de leur taille réduite. Ainsi, proportionnellement à leur taille, ils reçoivent une dose plus grande. Les retombées radioactives exposent les humains à différents types de radiation incluant les rayons X, alpha, bêta et gamma. Les conséquences sur la santé du fœtus dépendent du moment de l'exposition in utero aux radiations, et peuvent aussi varier que des avortements spontanés, des accouchements prématurés, un poids faible à la naissance, une mortalité périnatale, des malformations congénitales, et des lésions cérébrales.
Il est important de savoir que toute vie est sensible à l'exposition aux radiations nucléaires, y compris les plantes, les champignons, les insectes, les araignées, les oiseaux, les poissons, et les autres animaux (3). Les effets sur les animaux et notamment sur le groupe le plus étudié (les oiseaux) au pourtour du site de Tchernobyl montrent une diminution de 50 % de la diversité de cette espèce et une baisse de 66 % de cette population dans les zones les plus contaminées, comparativement aux zones non contaminées de cette région (4).
Autres conséquences à prévoir : une augmentation des cancers de la thyroïde.
Plus important encore, l’Agence de protection environnementale américaine (EPA) montre que durant mars et avril 2011, 13,4% des échantillons de lait et 22,2% des échantillons d’eau potable étaient contaminés par l’iode radioactif 131 (5). Compte tenu de la persistance des niveaux élevés d'iode radioactif, les experts de la santé publique américaine prévoient que l'incidence des maladies thyroïdiennes, comme l'insuffisance de la thyroïde chez les nouveaux nés et le cancer de la thyroïde chez les enfants et les adultes, vont augmenter (6, 7).
Les chercheurs de cette étude trouvent regrettable que les gouvernements non seulement du Japon mais aussi en Amérique du Nord et en Europe n’étudient pas suffisamment les effets sur la santé suite à l'exposition à la radioactivité des retombées de Fukushima (1).
Un quart de siècle après la catastrophe de Tchernobyl, et plus de 60 ans après les attentats à la bombe d'Hiroshima et de Nagasaki, les effets sur la santé humaine se font toujours sentir en particulier sur les enfants et les très jeunes enfants.
Carte de dépôt au sol de césium-137 suite à l'accident de Fukushima-Daichii. CEREA (8)
Références:
1) Joseph J. Mangano and Janette D. Sherma. AN UNEXPECTED MORTALITY INCREASE IN THE UNITED STATES FOLLOWS ARRIVAL OF THE RADIOACTIVE PLUME FROM FUKUSHIMA: IS THERE A CORRELATION? International Journal of Health Services, 2012, Volume 42, Number 1, Pages 47–64, 201. http://www.radiation.org/reading/pubs/HS42_1F.pdf (consulté le 14 février 2012)
2) Fong, P. Sudden infant deaths on rise in B.C. Toronto Star, July 6, 2011. www.thestar.com/news/canada/article/1020924-sudden-infant-deaths-on-rise-in-b-c (consulté le 6 février 2012)
3) Moller, A. P., and Mousseau, T. A. Reduced abundance of insects and spiders linked to radiation at Chernobyl 20 years after the accident. R. Soc. Biol. Lett., 2009. http://royalsocietypublishing.org
4) Mousseau, T. A., and Moller, A. P. Landscape portrait: A look at the impacts of radioactive contamination on Chernobyl’s wildlife. Bull. Atomic Sci. 67(2):38–46, 2011
5) U.S. Environmental Protection Agency. Radnet Laboratory Data: Japanese Nuclear Emergency—Radiation Monitoring. http://www.epa.gov/japan011/rert/radnet-sampling-data.html#precipitation (consulté le 14 février 2012)
6) Yablokov, A. V., Nesterenko, V. B., and Nesterenko, A. V. Chernobyl: Consequences of the Catastrophe for People and the Environment. New York Academy of Sciences, New York, 2009
7) Sherman, J. D. Life’s Delicate Balance: Causes and Prevention of Breast Cancer, pp. 57–66, 234–235. Taylor and Francis, New York, 200
8) Atmospheric dispersion of radionuclides from the Fukushima-Daichii nuclear power plant. CEREA. http://cerea.enpc.fr/en/fukushima.html (consulté le 14 février 2012)
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